Nébuleuse

Le site municipal de Saint-Apollinaire-de-Rias comprend, comme "domaine" le site de l'Association "Les Rias", laquelle gère la Bibliothèque Municipale et son "espace Public Numérique" (Point Accès Public Internet) -deux autres domaines - et assume, sous responsabilité municipale, la gestion globale du site (délégation par convention).

Divers sites/compagnons de route l'accompagnent : le Sivu des Inforoutes de l'Ardèche, nous hébergeant et portant, les blogs créés, les sites services utilisés, le wiki, et, encore à apprivoiser, le mégasite de Villes-Internet...

Tout cela constitue une nébuleuse difficile à cerner, mais dont la modélisation est d'autant plus indispensable que site d'une toute petite commune, nous n'avons pas la base solide d'assises structurées en services ni le cadre sécurisant d'objectifs quantifiés.

Entre étroitesse des bases et vertigineuse liberté intersidérale... Ou un blog entre béquille et fusée.

Et pour éclairage ou repères, le Galilée du "Et pourtant, elle tourne", Giordano Bruno et la preuve par Mendéléiev...

Pour la bonne compréhension de ce blog dont les messages s'enchainent à partir d'un tableau initial, nous conseillons de le lire en suivant l'ordre chronologique des messages à partir du sommaire.


vendredi 2 septembre 2011

Article pour charnière

De la nécessité de faire un bilan.

La création du blog De Site en Ville I  a permis de faire le point sur initiatives, article et documents interactifs publiés sur le Site de Villes-Internet par  l'équipe composite de Saint-Apollinaire-de-Rias.  Un article sur notre site  en a livré une première mouture, avec pour objectif d'aller plus loin dans l'analyse de ce qui a été fait, des liens établis entre notre site, nos blogs, wiki, les sites-services que nous utilisons, et le site de Villes-Internet -une nébuleuse composite, analyse aussi des difficultés rencontrées... Les actions récentes, en cours ou projetées  donneront lieu à la rédaction de nouvelles initiatives, inscrites dans un processus continu d'évaluation-régulation.
 
1. Histoire et contexte
Le SIVU des Inforoutes de l’Ardèche, nous avait sollicités l’an passé pour participer au  label Villes Internet 2011.  Ce qui fut fait, grâce à tant d’insistance et à l’attente d’éventuels apports comme effets d’échelles pour les différents réseaux auxquels nous participons, données d’une évaluation externe pour la régulation et le pilotage internes, apports d’informations et d’éléments de formation... 
Un contexte concernant l’usage d’Internet à Saint-Apollinaire et sur le plateau dont nous saisissons cependant, a posteriori, la spécificité :
- un site Internet communal animé, et géré bénévolement par une association culturelle. Une utilisation et une vie du site, donc, intimement liées à cette vie culturelle...
- le poids de préoccupations éducatives et pédagogiques proportionnelles au nombre d’enseignants impliqués, actifs ou retraités, à leur propre niveau de formation universitaire et  surtout à leur vécu commun d’une situation paradoxale : devoir transmettre des contenus et former à des savoir-faire des enfants ou des jeunes qui travailleront et vivront des décennies plus tard dans des conditions qu’on ne peut imaginer, exerceront des professions qui n’existent pas encore ou se seront considérablement modifiées. Quels contenus ? Quelles capacités ? Quelles façons d’apprendre à apprendre ? Le poids donc et l’habitude d’une veille prospective continue... Et des apports qui parfois interrogent...
- la présence d’artistes - poètes ou plasticiens notamment - introduisant des modalités et centres d’intérêts spécifiques, et ce temps particulièrement dense des résidences, accompagné ou suivi par ateliers et/ou rencontres et expositions... Celle de scientifiques - renforçant encore les exigences de rigueur... 
- la conscience précisée qu’avec le numérique on entre dans une ère nouvelle, qui, à l’échelle de l’histoire, n’en est qu’à ses tout premiers balbutiements...
- la conviction municipale et la conviction associative quant à l’importance de l’implication de la population dans toutes ses composantes - population traditionnelle avec son identité forte et revendiquée, ses capacités d’ouverture aussi, ses traditions d’accueil et de résistance - et population nouvelle, souvent très qualifiée et de plus en plus attirée par les réalisations et la vie locale et par ce qui s’en exprime par le site.  Conviction aussi que pour tous - y compris les dits, à tort,  « sans voix » - informations et formation sont nécessaires à l’expression et à l’implication citoyennes... Et, avec la poésie, le théâtre, les arts plastiques, le numérique et la lecture du site en particulier, des avancées spectaculaires en ce domaine.
L'utilisation de deux outils simples pour cela et "bien vus" par la population  : le micro relié à un petit ordinateur portable qui permet de recueillir interviews, chants ou simples propos en tous lieux, là où sont les gens, et le câble éthernet de 100m qui permet de montrer à checun ce qu'est devenu ou peut devenir sa parole (utilisations annoncées dans des initiatives dès 2010, initiatives transversales -toujours valables -"Hors les murs" pour les interventions en extérieur, dans la commune ou ailleurs, y compris dans le TGV  et  pour la proximité enfermée de l'hiver "journal intime d’une bibliothèque", un des aspects évoqués  quand cette bibliothèque/Papi reste le seul lieu de rencontres publiques dans la commune).
Donc une visée où la réflexion de fond - comme sur numérique/numérisé, question toujours d'actualité- et l’intervention directe en bibliothèque/EPN, ou autres lieux, mais essentiellement en « circuits courts », se nourrissent mutuellement, occupant la place qui dans une ville est consacrée à l’indispensable organisation administrative et à la coordination des fonctionnements sectoriels et d’ensemble.  Inconvénients et avantages donc, et spécificité même par rapport à de petites villes du milieu rural. Par exemple ne pas avoir d’école dans la commune mais, intervenir ponctuellement au travers d’expérimentations précises en milieu scolaire dans d’autres communes et souvent à d’autres niveaux...
Une spécificité qui peut expliquer les difficultés d’intégration au réseau des villes tel qu’il est proposé sur le site de Villes-Internet. Nous n’avons pas trouvé de réponses directes aux trois mots-clés que nous avons proposées : arts numériques, écritures numériques, culture numérique...
Il aurait sans doute fallu prendre le temps d’une étude plus fine et collective des contenus d’initiatives de diverses villes pour trouver d’autres mots... d’autant que les lettres d’information de certaines collectivités, auxquelles nous sommes abonnés, comme celle de Brest, s’avèrent très intéressants et en phase avec une bonne part de nos préoccupations. Parfois ce sont des associations qui dans les villes, organisent un concours vidéo, comme à Nantes... Préoccupations et taille localisée ne sont pas toujours liées...
2. Retour sur le chemin parcouru 
Après  la surprise d’un palmarès  auquel nous ne nous attendions pas, le plaisir de la reconnaissance du travail fait et le besoin de cerner les critères d’évaluation utilisés, et aussi de mieux connaître les objectifs de l’association Villes-Internet.
La volonté affirmée par cette dernière, de faire vivre un réseau en développant les liens directs entre les collectivités territoriales nous a paru très intéressante mais à inscrire dans la durée en en construisant progressivement les conditions locales.
La population, si elle a bien accueilli le palmarès, et y a reconnu la valorisation de sa contribution, s’est montrée surtout attachée cette année à un développement local multiforme qu’elle s’approprie chaque jour davantage sans passer nécessairement par un travail sur écran.

Et puis, les gens ont pris à goût à la réception d'une information imagée et régulière, notamment du suivi des travaux, comme ceux  de la station d'épuration...


Par ailleurs la publication, souvent hebdomadaire d'articles et/ou photos des travaux  est attendue. Elle facilite le cas échéant, les nécessaires concertations et permet les négociations. Il semble même qu'un vidéo-montage ait fait le tour de la planète...


Enfin, les élus commencent à communiquer pour le site des relevés de décision  des nombreuses réunions des instances dans lesquelles ils représentent la commune. Une récente  initiative, très  appréciée...
- Alors, où en sommes-nous ? Que ressort-il  de ces quelques mois de travail ?
L’importance de la reconnaissance de ce que nous avons appelé le processus de patrimonialisation, avec la création de savoirs.  Ce qui a été démarche associative depuis 2003 : partir des gens, et pour la population traditionnelle, du patrimoine humain immatériel lié à la forte identité de ce plateau.
Ce que ces gens nous ont apporté ? C’est surtout ce qui ressemble à ces romans familiaux qui fondent, pour Bourdieu, la reproduction sociale : un mélange de faits, de personnages, de récits - entre documentaire et fiction, et surtout de valeurs affirmées et partagées. Un roman supra-familial qui forge l’identité des habitants de ces lieux - et y conforme choix et pratiques, valeurs farouches, détermination et en même temps, passées de premières réticences, ouverture à l’autre, au savoir, au progrés, avec un très fort attachement à l’école publique malgré ses travers, et, notamment, son interdiction de la langue maternelle -le patois - c’est-à-dire l’occitan d’ici, un très fort attachement aux services et réseaux publics en général, qui n’exclut pas le recours à des pratiques de soin ou d’hygiène de vie ancestrales...  Et puis un patrimoine qui vit, élargi par les voyages partagés, une activité   qui tresse sorties, accueil et réalisations collectives.
Nous sommes entrain de faire la synthèse du travail et des utilisations d’outils - site/blogs/sites-services 2010-2011-  et de dessiner les grandes lignes pour 2011-2012.... Un certain nombre de personnes se sont impliquées dans ce travail. Le comité est ouvert. Avis, questions, propositions... sont indispensables. Chacun - quels que soient son âge, sa formation, sa familiarité avec l’Internet, ses avis sur le territoire, la vie de tous les jours et la planète, a son mot à dire - et on peut à tout moment  projeter le site sur grand écran ou mur ou... tronc d’arbre ou...

Ce blog spécifique, centré sur les relations entre notre site et nos blogs d’une part, et de l’autre, le site de Villes-Internet - brouillon intermédiaire - dirait J-P.Dubost - a donc été créé. Il faut l’alimenter et l’utiliser aussi pour nourrir notre espace sur le site de Villes Internet et établir des relations avec d’autres espaces... Un blog passeur qui parait indispensable pour frayer un vaste chemin participatif pour tous dans l’abondance et la complexité des Villes Internet.
Une démarche collective à mettre en oeuvre où chacun peut apporter sa pierre comme pour les cairns du Carrefour des Résistances, en nous envoyant mails, documents joints, liens, bouts de papier ou coups de téléphone ou photo ou CD ou ...
Tout a sa place et sur tout... La richesse du site et ses utilités, c’est vous, les lecteurs qui les faîtes, ce sont tous les participants - y compris ces spectateurs apparemment passifs qui, après, commentent en famille...
Y compris ceux de nos habitants qui vivent dix mois par an au Vietnam  (ou ailleurs).  Un sacré intérêt d’Internet – communiquer toute l’année avec son voisin de l’été... et de tous les âges. N’est-ce pas Inès et Maëlia – deux ans pas encore et demi, et déjà une certaine culture ou une culture certaine de l’écran et de la souris ?
Et puis cette drôle de complémentarité qui s’est établie en rase campagne entre installations plastiques et Internet, voie s’ouvrant vers arts numériques et performances (cf notre projet  Du recueil de mémoire à l'écriture transmedia, projet qui a donné lieu à une initiative, fondatrice et toujours ouverte, et organise le travail sur deux années...
Le site s’est d’emblée situé dans un projet et des projets, une vie locale, avec son identité qu’il a fait connaître - et contribué à développer. Il a joué le rôle de réceptacle et mémoire, moyen d’expression, communication, banque de données, mais aussi de formation, d’ouverture, moteur de recherche et d’action.
Cela ne veut pas dire que chacun se soit mis au clavier - même si beaucoup le font - mais on sait, on aime les projections collectives pour des visites du site sur grand écran - où on se retrouve, où on peut revoir ou réécouter certains qui ont disparu, où on revient sur des manifestations récentes, fait connaissance avec de nouveaux venus, partage les apports de voyages. Et puis la communication par le NET avec enfants et petits-enfants prend de l’importance. Et il y a les services. Et tout cela est gratuit, disponible...
Enfin les interventions en milieu scolaire, ou avec le scolaire, même si on n’est pas présent, c’est un peu une revanche par rapport à la suppression passée d’une école toujours regrettée...
- Alors, qu'est-ce qui a a changé dans les pratiques ces derniers six mois ? Quel  bilan  de la mise en œuvre des initiatives publiées ? Quelles perspectives ?
L'implication dans la patrimonialisation est devenue plus consciente et volontaire - de l’apport de dictons, textes, objets, chansons à la place et au silence qui se font quand, lors d’un repas ou d’une réunion, on sort le micro et déplace le petit ordinateur pour enregistrement sous Audacity. D’ailleurs, qui n’a pas tenu le micro pour que s’enregistre mieux le chant ou le récit du voisin de table ? 
-   pour les anciens la conscience exprimée que même quand ils ne seront plus là ils seront écoutés, ils laisseront quelque chose - d’où le choix, la préparation et le travail de ce qu’ils veulent transmettre,
-   pour les jeunes et les enfants qui, souvent, tiennent le micro ou photographient ou recueillent une petite vidéo, la prise de conscience de la valeur de ce patrimoine immatériel que le numérique matérialise, permet de conserver, transmettre et valoriser. Le site est donc outil et bien commun au service de tous.
Il est aussi, toujours, et sans doute davantage, et de manière de plus en plus lisible, moyen d’ouverture, notamment par son accompagnement des résidences d’artiste. Par delà la mémoire et la référence partagée, il facilite l’entrée, grâce aux problématiques ouvertes, dans des questionnements très contemporains. On pourrait citer Camboulive et l’identité, la communication,  et l’angoisse de chacun devant la vidéo et son bruit de respiration, et, en même temps un approfondissement de la réflexion sur les identités numériques qui dépasse très largement les seuls usages de Facebook ou Twitter...
L’identité et les identités numériques - une grande question émergente lestée ici par la mémoire des faux-papiers des écoliers  juifs dans les classes et par la quête jamais close de sa place  personnelle par chacun des très nombreux enfants de l’assistance, mais aussi par les recherches généalogiques et la trace dans les familles, des pendaisons, envois aux galères ou abjurations.
Recherches généalogiques, toponymie, à côté des locations de gites, visites aux Archives, communiqués des Offices de tourisme. Des utilisations importantes de l’Internet, en hausse et qui pourraient peut-être frayer de véritables échanges entre Villes  Internet, de population à population...
La consultation de Pôle Emploi a, elle, par contre, considérablement baissé. Dès qu’une adresse électronique personnelle est créée, on ne revoit plus les personnes qui avaient fait la démarche de demander  l’aide du PAPI : après création d’une adresse courriel, elles consultent les offres d’emploi chez elles, sur leur téléphone portable
A noter que de nouveaux habitants - permanents ou intermittents achètent ou font construire ici parce que ce qu’ils ont perçu par le site de la vie locale - de ses volets patrimoniaux, culturels et démocratie directe  - leur a donné envie de venir vivre ici ! Le site (et ses blogs...) créateur de plus-value pour l’image de la commune – ou du plateau, les relations, locales et non directement locales.
L’accueil - gagné grâce au site – de constructions à l'architecture contemporaine semble aussi contribuer à ce phénomène. Le site a également cristallisé des réseaux (land-art ou artistes ou amateurs d’art hollandais), étayé par la complémentarité  et les interférences site/expositions qu'il donne à suivre.
Et puis...
Et puis pouvoir mettre un nom, en arrivant,  sur des lieux et des visages jamais vus...
A vous ? Oui je vous connais ! Je vous ai vu sur le site !
Et voir grandir les enfants... et changer leurs pratiques...

Enfin, on pourrait aussi citer le bel et récent exemple de Nanette Fert. Une enseignante retraitée dont les parents ont exercé comme professeurs au Cours Complémentaire de Vernoux pendant et après la seconde guerre mondiale. Elle a trouvé notre site par ce qu’y est présenté un ouvrage ( « Entre silence et oubli » de Sylvette Béraud-William) touchant à son sujet de recherche : « FTP de Vernoux ». Accrochage, contacts par webmaster puis courriels, envois de photos, réunion de quelques uns d’entre nous avec l’Agrevou (association des anciens de Vernoux) pour projection,  identification des jeunes de ces nombreuses photos de classe ; nouveaux envois de Nanette Fert, puis sa venue avec ses frères, son intérêt pour nos publications, un article sur le site, puis l’envoi de ses lexiques familiaux, un mélange personnel de français, de patois, que nous allons transmettre au groupe patois comme ce texte de sa petite fille, écrit - devoir d’école- en trois registres de langage. Belle occasion pour questionner les registres de langue du patois...
Des liens solides, rapides, chaleureux et profonds...
Bref de l’inédit, de la patrimonialisation, le dépassement aussi de pseudo-oppositions comme virtuel/réel  - Nanette, n’a rien de virtuel avec ses investigations linguistiques et culturelles, ses cartes géologiques pour mieux connaître le sous-sol d’ici et l’origine de « Rias » - « anciens/ modernes »... Mais au fait, elle est matheuse de formation. Et n’est-ce pas le calcul qui a permis de découvrir et d’identifier planètes ou éléments avant qu’on ne les « voit » ?
Tout cela s'est construit sur fond d’appui solide pour nous au niveau théorique : l’intervention de Jean-Claude Mermet, sociologue, enseignant-chercheur CNRS, sur la patrimonialisation, à partir d’un PER, dans le cadre de la Fête de la science 2010- Bioéthique et biodiversité -  et son nouvel interview  (sans images) six mois plus tard à la Fête du Fin Gras du Mézenc - botanique, sociologie et territoire de projet... Et un public jeune, dynamique et impliqué, et la génération des enfants de l’AOC...(1)

Donc un enracinement de l’Internet dans la société.  Et le besoin de construire cette nébuleuse avec blogs pour mieux accompagner diversification/appropriation. Site intermédiaire...
Jacqueline Cimaz
 NB. Du contenu donc.  Et la question récurrente : le structurer, le mettre en perspective, l’instrumentaliser - et toujours dans l’urgence. On pourrait par le site de Villes-Internet faire appel à quelques doctorant(e)s  pour exploiter la masse de matériaux accumulés...

1. Le bouquet final de l'article du site de Saint-Apollinaire-de-Rias, le virtuel et la vie, sciences, patrimoine et vie - une vidéo à voir...  (cf aussi les sites des Amis du Mézenc et Mézenc-doc.)

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